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  Apologie du format RTF

 
Michel Dumais

Le lundi 19 février 2001

Répétez après moi: Word n'est pas le seul traitement de texte du marché, Word n'est pas le seul traitement de texte du marché. Répétez encore huit fois, faites un chemin de croix, deux rosaires et revenez me voir. Word Perfect, AppleWorks, Lotus Word Pro ou Star Office sont aussi d'excellents produits qui ont, comme Word de Microsoft, leurs faiblesses, mais aussi de très grandes qualités. Tous ces traitements de textes, qu'ils soient sur Mac, Linux ou PC, ont un point en commun: le seul vrai format universel de fichiers, le RTF, ou Rich Text Format. Et sus à l'hégémonie du format .DOC.

La très grande majorité d'entre vous utilisez le texteur de Microsoft, Word. Un bon produit, pas un mot à redire là-dessus. Lorsque vous sauvegardez vos fichiers, normalement, si vous êtes sur PC, vous enregistrez ceux-ci au format de fichier natif de Word, le .DOC. L'avantage du .DOC? Tous les attributs typographiques, les enrichissements que vous ajoutez au texte pur, les images que vous insérez dans celui-ci sont conservés lorsque vous sauvegardez le résultat de votre travail. Il en est de même lorsque les utilisateurs des autres traitements de textes que j'ai nommés ci-haut sauvegardent le résultat de leur travail: ils ont tous un format natif de fichiers. Si vous n'échangez d'aucune façon ces fichiers avec quelqu'un, pas de problème. Allez, et ne péchez plus. Je vous conseille la lecture complète des oeuvres de Jean Dion en sirotant un Lagavulin ou un Laphoig. Mais qu'arrive-t-il si vous devez échanger vos fichiers avec d'autres personnes?

Le retour de Pépé

La semaine dernière, je discutais avec mon ami Pépé. Vous vous souvenez de Pépé, le nouveau propriétaire d'un rutilant iMac? Maintenant que l'ami Pépé carbure à fond la caisse avec ses 192 mégas de mémoire vive, il n'est plus le même homme. Cependant, malgré l'enthousiasme fou et débridé de l'ami Pépé, celui-ci, dans son parcours initiatique avec la chose ordinée, doit affronter de plus en plus de nouveaux défis.

Son frérot, un homme sûrement sympathique malgré le fait qu'il soit Parisien, lui envoya par courriel un petit mot avec une pièce jointe: un document .DOC. Notre ami Pépé, évidemment, comme la cigale du même nom, se trouva fort dépourvu devant celui-ci. Comment réussir à l'ouvrir, alors que la seule suite bureautique dont disposait notre fougueux quinquagénaire était AppleWorks, un excellent produit, dois-je le répéter?

Coup de fil en urgence auprès du pas très humble, un rappel de sa promesse d'aller se tirer une bouffe à L'Express à ses frais, et des suppliques pour que le vous savez qui puisse lui expliquer comment régler son problème. Comment ouvrir ce salopard de document?

Trois solutions s'offraient à l'ami Pépé. La première: installer le logiciel Word, pour ainsi ouvrir le fichier parigot, tête de veau.

Deuxième solution: installer un logiciel spécialisé dans la conversion de fichiers étrangers comme MacLink Plus Deluxe (pour Macintosh) ou encore Conversion Plus (pour Windows), deux logiciels édités par la firme Dataviz (www.dataviz.com). Ces couteaux suisses peuvent ouvrir et surtout convertir à peu près tous les types de fichiers, quel que soit le logiciel utilisé. Je vous les recommande fortement si vous êtes dans une situation où vous devez recevoir des fichiers de provenances diverses.

La dernière solution de l'ami Pépé aurait été de récrire à son frérot, de le traiter de cuistre et de lui demander de lui envoyer de nouveau le fichier, en le sauvegardant au format RTF (Rich Text Format). Certains me diront qu'il existe un autre format universel de fichier, le format texte.

Mais bien que le format fichier texte (.TXT) soit un autre format de fichier universel, celui-ci ne possède pas la richesse du format RTF.

En effet, le format RTF peut conserver tous les attributs typographiques du texte, les tableaux que vous lui aurez insérés, des images, etc. Bref, le format RTF est tout aussi pratique et flexible que le format .DOC. Mais, en plus, il peut être ouvert par tous les traitements de textes du marché.

De plus, en recevant un fichier RTF, vous pourrez ouvrir celui-ci sans crainte de devoir affronter les terribles virus de type macrovirus qui se propagent uniquement avec les fichiers .DOC. J'essaie de trouver des désavantages au format RTF et je n'en vois aucun. Que du bon, du bon, rien que du bon.

Par exemple, ce texte a été écrit sur un PC avec Word 2000 de Micromou. Il sera envoyé au Devoir par courriel et lu sur des appareils Macintosh. Sauf de très rares exceptions, dans le cas de certains caractères spéciaux, la conversion se fait sans aucun problème. J'ai envoyé certaines pièces jointes à des personnes ayant différents texteurs, toujours en utilisant le format RTF, et jamais aucune ne m'a écrit pour me dire qu'elle avait des problèmes de lecture. Si vous me permettez une petite parenthèse, j'ose espérer que les très charmants et sympathiques attachés de presse et relationnistes de tout acabit liront cette chronique avec une attention toute particulière, car, vous l'avouerais-je, les fichiers .DOC, nous détestons cela, les chroniqueurs en nouvelles technos.

L'art de la sauvegarde

Voilà, vous savez maintenant que sauvegarder en format RTF est une bonne façon de s'assurer d'être lu et bien compris. Cependant, il me faut encore vous donner un petit conseil sur l'art de sauvegarder un fichier sur votre disque dur. Si vous êtes sur Macintosh et que vous devez envoyer un fichier à un correspondant utilisant un PC, n'oubliez pas d'ajouter, à la fin du nom de fichier, une extension comme .DOC (si vous persistez à écrire au format natif Word), .RTF, ou encore .XLS s'il s'agit d'une feuille de calcul provenant d'Excel par exemple. Vous savez, les PC, c'est un tantinet idiot, et pour que ceux-ci puissent bien ouvrir un fichier, les différents texteurs et tableurs ont besoin de voir cette petite extension de trois lettres à la fin d'un nom de fichier.

De plus, évitez l'utilisation des accents dans le nom que vous donnerez à votre fichier. Les PC (encore eux) ne sont pas particulièrement entichés des fichiers avec un nom contenant des accents qui proviennent d'un Macintosh. Au lieu des espaces entre les différents mots, vous devriez, pour être vraiment parfait, mettre plutôt des soulignés. Bref, en suivant ces conseils, vous pourrez échanger avec tous vos petits amis partout dans le monde, quelle que soit la plate-forme utilisée. Et je vous fais la bise, tiens.

Putain de courriel !

Cocorico, de retour avec mes problèmes de courriels. Moi qui croyais qu'en changeant de logiciel tout se réglerait, mais non. Remarquez que je suis un homme heureux depuis qu'Eudora est de nouveau dans ma vie. Mais il semblerait, après moult essais et expérimentations, que les problèmes auraient comme origine un désagréable et déplaisant serveur. Cependant, je ne suis pas le seul à avoir de petits problèmes avec ma correspondance virtuelle, comme en fait foi cette missive de Chloé Baril...

«Votre chronique de courriels de la semaine dernière, dans laquelle vous parliez de logiciels de courriel (ça devient redondant, ce truc), m'a particulièrement intéressée. Que je vous dresse mon portrait de correspondante frénétique.

«Je fus initiée aux bonheurs du "vous avez du courrier" avec Eudora, en 1994, alors que j'étais exilée à Lyon. Il faut dire que j'avais déjà, alors, une longue pratique derrière moi de correspondance manuscrite (que je continue à chérir et qui complète les courriels) qui fait de moi une aspirante Mme de Sévigné. Or, donc, rapidement, mes dossiers de courriels ont pris des proportions éléphantesques.

«J'ai converti mes plus vieux mails en Simple Text (je suis une Mac-euse, vous vous en doutiez?), puis je suis passée au logiciel de courrier de Netscape, le préférant à Outlook parce qu'il est simple, sans gadgets inutiles et surtout parce que je hais de toutes mes forces la fonction "envoyer et recevoir" (j'estime à 160 le nombre de fois que j'ai dû expliquer à de nouveaux utilisateurs dudit Outlook pourquoi leur message n'avait pas été reçu - et donc pas envoyé -, l'utilisateur moyen ayant tendance - et je le comprends - à considérer qu'un clic sur le bouton "envoyer" est amplement suffisant). Bref, je me retrouve depuis quelques mois avec mon nouveau bébé, un adorable iBook graphite répondant au nom de Candide (par amour pour Voltaire, grand correspondant lui-même). J'ai réussi à récupérer une partie de mes courriels qui étaient nichés sur le iMac de mon homme, mais pas tous. Or, il doit bien y avoir là, dans un fichier "Inbox" impossible à ouvrir, au moins 500 messages (je n'exagère pas du tout) très précieux pour l'établissement futur de ma correspondance posthume (je suis historienne et j'ai donc un certain attachement pour mes vieux écrits).

«Intéressée par votre chronique, je me suis empressée de télécharger Eudora, pour lequel j'avais gardé une grande affection mais que j'avais négligé sans raison, juste parce que j'avais déjà deux logiciels sur mon ordinateur. Déception, par la fonction "importer", il semblerait que je ne puisse qu'importer des dossiers Outlook ou Eudora. Du coup, j'ai désinstallé le machin et suis allée me coucher, dépitée. Est-ce qu'il y aurait un autre moyen que mon impatience m'a fait omettre? D'autre part, l'homme sus-mentionné a upgradé son Outlook pour une toute nouvelle version (ne me demandez pas le chiffre, je ne retiens pas ces bidules) dont la présentation me plaît beaucoup (c'est important, la présentation, quand on passe au moins une heure par jour à courrieller) et qui compte des boutons fort pratiques pour les docs attachés (comme je travaille aussi comme recherchiste et webmestre, et sur PC, au boulot, je passe ma vie à m'envoyer des documents de toutes sortes). Bref, que faire? Je n'ai pas pu expérimenter vraiment la nouvelle version Outlook, l'homme est jaloux de sa machine, je ne suis pas convaincue d'Eudora mais je m'ennuie de mes vieux courriels Bref, j'en appelle à votre expérience et à votre grande sagesse et vous prie de m'excuser de vous écrire à partir de la casserole PC de mon bureau... et sur Outlook, qui plus est!»

Les tréfonds de Netscape

Que de questions, ô très chère correspondante épistolaire. Je comprends donc, à la lecture de votre missive, que votre courriel se trouve encore dans les tréfonds d'un quelconque Netscape. Plusieurs solutions s'offrent à vous. Vous pouvez toujours conserver Netscape comme logiciel de courriel. Il vous plaisait, après tout?

Autre solution, plus fastidieuse, il va sans dire, mais qui fonctionne très bien, vous pouvez importer votre courriel Netscape dans Outlook Express pour Mac, pour ensuite ouvrir Eudora et importer dans ce logiciel les données d'Outlook Express. Cette opération fonctionne très bien, même les différents dossiers que vous aurez créés dans Netscape seront importés.

Vous pouvez aussi exporter dans Netscape vos fichiers de courriel. Opération pénible, que je ne vous recommande pas. J'ai aussi cherché de petits logiciels utilitaires qui auraient pu faire directement l'importation de Netscape vers Eudora, mais mes recherches furent vaines. Et pourtant, ce n'est pas faute d'avoir cherché, même le site EmailMan (www.emailman.com/conversion) n'offrait pas de solutions pour vous. En passant, amis lecteurs, je recommande fortement ce site, qui regorge de solutions et d'utilitaires pour le courriel. Un must.

Mais, vous savez, chère Chloé (vous permettez que je vous appelle ainsi?), il n'est pas dit que les lecteurs qui lisent cette chronique ne nous enverront pas une petite solution de derrière les fagots.

Et ma vadrouille, elle ?

Je ne sais si vous êtes amateur de science-fiction, mais les grandes histoires ayant comme paradoxe les voyages espaces-temps m'ont toujours fasciné. Par exemple, je voyage dans le temps, je retrouve mon père, je l'engueule sur les vertus du fromage au lait cru et lui fous une baffe dans la gueule parce que celui-ci ne jure que par le P'tit Québec et le Cheez-Whiz. Celui-ci, dans un geste de rage, se fait moine au Tibet, et, de ce fait, ne rencontre jamais ma mère. De retour dans le futur, suis-je toujours vivant ou non? Et mon père, aime t-il encore le mastic à fenêtre jaune? Et pourquoi tant de haine? Que de questions sans réponses ! De quoi faire devenir fous les physiciens Fitzgerald-Lorentz, qui, je vous le signale, et je ne doute pas un instant que cela vous intéresse au plus haut point, curieux de lecteurs que vous êtes, ont trouvé la différence supposée entre les temps de parcours des faisceaux lumineux.

«Sur une base purement mathématique, Fitzgerald et Lorentz ont montré qu'en partant du principe que les longueurs des objets en mouvement se rétrécissent le long de la direction du mouvement (comme peut le voir un observateur immobile) et que le temps affiché sur une horloge mobile ralentit (en comparaison avec une horloge immobile), alors ces deux effets se combinent exactement pour donner une différence de zéro entre les temps de voyage des deux faisceaux lumineux. Il faut noter que la contraction dont parlent Fitzgerald et Lorentz concerne uniquement la dimension d'un objet dans la direction du mouvement de l'objet. L'objet ne se rétrécit que dans une seule dimension, pas dans les deux autres qui ne sont pas dans la direction du mouvement.» Et ce n'est pas moi qui le dis.

Ça va, vous avez tout compris? Alors, imaginez bien ceci: ce texte a été écrit dans la nuit de jeudi à vendredi, alors que jeudi, dans la soirée, j'ai parlé avec une dame Anne Michaud pour faire notre vadrouille dans les différentes boutiques d'ordinateurs et ainsi lui magasiner un PC (ou un Mac).

Cependant, vous lisez cette chronique aujourd'hui, lundi. Mais notre virée a lieu demain pour moi (samedi), et elle a eu lieu il y a deux jours pour vous. Et, de plus, si vous lisez ce texte sur Internet le mardi ou le mercredi, alors mon vieux, t'as l'espace-temps qui en prend pour son rhume. Alors, la question, à quand le résultat de cette virée? Et quel est l'âge du capitaine? Et surtout, qui est la belle épicurienne campagnarde? Ah, que de mystères, que de questions.

Mais, soyez rassuré, vous aurez au moins la réponse à l'une de ces questions la semaine prochaine.

©Le Devoir 2001

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